Bien nourrir son chien : Satisfaire ses besoins, étape clé pour sa santé et son bonheur

16/08/2025

Panorama des besoins nutritionnels du chien

Le chien n’est ni un loup pur sucre, ni un humain miniature. Son système digestif a évolué durant sa domestication. Ainsi, bien qu’il reste principalement carnivore, il est capable de digérer une part modérée de glucides (FEDIAF, 2023). Derrière la diversité des races, âge, et gabarits, les besoins de base sont semblables :

  • Protéines : bâtisseurs des muscles, elles sont vitales. L’AFCO (Association of American Feed Control Officials) recommande un minimum de 18% sur matière sèche pour un chien adulte, 22,5% pour un chiot ou une chienne en lactation.
  • Lipides : source d’énergie concentrée, essentiels pour la santé de la peau et du pelage. Un minimum de 5,5% de lipides est conseillé (AFCO), sans excès pour éviter le surpoids.
  • Glucides : même si le chien peut métaboliser amidon et sucres, ils ne sont pas prioritaires et la quantité optimale dépend du chien. Une alimentation trop riche en glucides a été associée à l’obésité (Merck Veterinary Manual, 2022).
  • Vitamines et minéraux : calcium, phosphore, vitamines A, D, E… Leur équilibre est essentiel, un excès pouvant être aussi dommageable qu’une carence (par exemple, trop de calcium chez le chiot de grande race peut favoriser des troubles osseux).
  • Eau : trop souvent oubliée ! Un chien adulte a besoin de 50 à 70 ml d’eau par kilogramme et par jour (Source : ANSES, 2021).

Variations selon le profil de l’animal

  • L’âge : Un chiot en pleine croissance a des besoins énergétiques et en calcium supérieurs à ceux d’un adulte. Un senior, lui, réclamera des protéines digestibles, moins de calories, et certains nutriments spécifiques (par exemple des antioxydants pour soutenir ses fonctions cognitives).
  • L’activité : Un chien très sportif (type chien de traîneau, flyball ou agility) peut brûler jusqu’à trois fois plus de calories qu’un chien de canapé !
  • La race et le gabarit : Les chiens miniatures ont un métabolisme très rapide ; ceux de grande taille et/ ou à croissance rapide requièrent un ratio calcium/phosphore rigoureux et un apport calorique maîtrisé.
  • État physiologique : Gestation, lactation, maladie chronique (diabète, allergies, obésité) : tous ces paramètres modifient les besoins.

Les grandes familles d’alimentation canine

Il n’existe pas une alimentation idéale universelle, mais plusieurs options, chacune avec ses avantages et inconvénients, à mettre en perspective avec votre mode de vie, le temps disponible et les besoins de votre chien.

Alimentation industrielle : croquettes et pâtée au banc d’essai

  • Les croquettes : Pratiques, économiques, faciles à doser, elles couvrent 82% de l’alimentation canine en France (Kantar, 2023). Qualité : variable ! Une croquette dite « premium » apporte des protéines animales de meilleure valeur biologique, moins de sous-produits, moins d’additifs. Conseil : Lisez la composition. Privilégiez les aliments où la viande (ou le poisson) arrive en premier dans la liste des ingrédients, évitez les croquettes riches en céréales non digestibles (blé, maïs) ou farines animales non identifiées.
  • La pâtée (boîtes, sachets) : Plus appétente, mieux adaptée à certains chiens âgés ou à problème dentaire. Elle contient 75-80% d’eau, donc attention au dosage calorique (un chien nourri exclusivement à la pâtée a besoin de plus de volume pour couvrir ses besoins). Elle se conserve moins longtemps une fois ouverte.

La ration ménagère : fait maison, mais sous conditions

La ration ménagère revient en force : poulet, légumes, riz… Simple ? Attention ! Un repas maison improvisé conduit hélas fréquemment à des déséquilibres (trop ou trop peu de calcium, carence en vitamines B, D, etc.).

  • À savoir : Pour une ration équilibrée, la règle d’or : consultez votre vétérinaire ou un professionnel de la nutrition animale. Il existe des calculateurs sérieux en ligne (notamment sur le site de l’AFZ - Association Française de Zootechnie), mais un suivi personnalisé reste préférable.
  • Les compléments spécifiques (vitamines, minéraux, huile de colza ou de poisson) sont quasi-systématiquement nécessaires.
  • Exemple concret : une étude française (Grande et al., 2016) a montré que 95% des rations ménagères testées étaient déficitaires (ou en excès) sur au moins un nutriment essentiel.

La tendance BARF (Biologically Appropriate Raw Food)

Le BARF – alimentation crue majoritairement carnée – fait débat. S’il séduit par son aspect « naturel », il n’est pas sans risques (contamination bactérienne, déséquilibres nutritionnels). Plusieurs études vétérinaires alertent sur le risque de transmission de Salmonella, E. coli ou Campylobacter à la fois au chien… et à l’humain (femmes enceintes, enfants) si des règles strictes d’hygiène ne sont pas respectées (ESCCAP, 2021). Tout régime cru nécessite avis vétérinaire et analyse de ration, surtout pour un chiot, une femelle gestante ou un animal fragilisé.

Comment choisir la bonne alimentation pour son chien ?

Face à la multitude d’options, il est facile de s’y perdre. Pourtant, un choix avisé se fait en observant… le principal intéressé et en tenant compte de quelques critères clés.

  • Analysez l’étiquette ! Un aliment de qualité mettra une source protéique animale identifiable en premier ingrédient (poulet, bœuf… pas « sous-produits animaux »).
  • Observez votre chien :
    • État corporel (côtes non visibles mais palpables, absence de bourrelet ou de bassin trop saillant),
    • qualité du poil et de la peau,
    • beauté des selles,
    • niveau d’énergie.
    Un chien bien alimenté le manifeste par son tonus, la brillance de son pelage, sa vitalité et des selles régulières, moulées, peu odorantes (idéalement, deux à trois par jour).
  • Interrogez votre vétérinaire : Il connaît les particularités de votre animal. Des visites annuelles sont de véritables bilans nutritionnels préventifs.
  • Pensez « évolutif » : Les besoins du chien changent avec l’âge, l’activité, les saisons. Rien de figé ! Par exemple, un chien stérilisé aura besoin de moins de calories qu’un mâle entier adulte.
  • Soyez à l’écoute des signaux d’alerte : Démangeaisons, pellicules, prise ou perte de poids rapide, selles molles ou volumineuses peuvent indiquer une mauvaise assimilation ou une intolérance.

Petites astuces du quotidien et pièges à éviter

  • Stabilité : Les changements d’alimentation doivent toujours être progressifs, sur une semaine minimum, pour éviter diarrhée ou rejet alimentaire.
  • Poids idéal : 41% des chiens français sont en surpoids ou obèses (Source : Royal Canin, 2020). Une suralimentation, même « saine », reste nocive (problèmes articulaires, diabète, baisse d’espérance de vie, etc.).
  • Friandises et restes de table : Les petites « récompenses » représentent parfois jusqu’à 20% de l’apport calorique… À surveiller.
  • Trouver son rythme : Deux repas par jour chez l’adulte (trois à quatre pour le chiot) facilitent la digestion et limitent certains troubles (du type régurgitation ou retournement d’estomac chez les grandes races).
  • Ne cédez pas au marketing : Les mentions « holistique », « naturel » ou la photo alléchante sur le paquet ne garantissent pas la qualité réelle. Préférez la lisibilité de la composition et la traçabilité des ingrédients.

Focus sur les besoins spécifiques : allergies et particularités

Certains chiens développent des sensibilités alimentaires, signalées par des troubles cutanés (démangeaisons, otites chroniques) ou digestifs. Le diagnostic passe par des « alimentations d’éviction » avec protéines hydrolysées ou ingrédients inédits (agneau, saumon, canard…). Des marques vétérinaires proposent ces régimes, mais la surveillance vétérinaire est indispensable.

  • Chien en croissance : Ampoules nutritionnelles, contrôle des apports en calcium/phosphore. Un excès, notamment chez les grandes races, favorise la dysplasie (WSAVA Global Nutrition Committee).
  • Sénior : Plus de protéines digestibles, antioxydants (vit E, sélénium), apport énergétique ajusté pour limiter la fonte musculaire et le surpoids. Pensez aussi à l’ajout d’oméga 3 pour soutenir la fonction cognitive et prévenir l’arthrose.
  • Particularités raciales : Certaines races (comme le shar-peï, le westie ou le bulldog) sont sur-représentées dans les cas d’allergies alimentaires. Le cocker, par exemple, est prédisposé aux otites d’origine alimentaire.

Tableau récapitulatif : surveiller et adapter l’alimentation de son chien

Situation Besoins spécifiques Type d’alimentation adaptée
Chiot (2-12 mois) Énergie, calcium, phosphore, DHA Aliment croissance « junior » ou ration ménagère adaptée
Chien adulte actif Haute teneur en protéines, lipides ajustés Croquettes premium, ration ménagère enrichie, suivi calorique
Chien stérilisé ou sédentaire Calories réduites, fibres Aliment spécifique ou diminution de la quantité, contrôle du poids
Chien senior Protéines digestibles, antioxydants Croquettes/pâtée senior, rajout d'huile de poisson

Et le plaisir, dans tout ça ?

Nourrir, c’est aussi partager ! La gamelle du chien rime avec anticipation joyeuse. Variez les plaisirs dans le respect de son équilibre, surprenez par la texture, la température, la présentation. Un tapis de léchage ou une gamelle anti-glouton, des légumes croquants (carottes, courgettes, haricots verts cuits), un « os » à mâcher naturel type bois de cerf ou racine de bruyère, stimulent mentalement votre chien tout en préservant ses dents.

Rappelez-vous enfin qu’il n’existe aucune recette universelle : l’idéal, c’est le compromis entre bonne santé, plaisir, budget et organisation familiale. Votre compagnon vous le dira… à sa manière !

Pour approfondir ou ajuster l’alimentation, référez-vous aux sites ressources de référence : AFSCA, FEDIAF, WSAVA, et bien sûr, le dialogue avec votre vétérinaire reste la clé de la réussite alimentaire de votre chien.

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