Décoder les postures corporelles de son chien : le guide pour mieux communiquer

05/10/2025

Pourquoi observer le langage corporel de son chien ?

Un chien sait parler – il le fait avec son corps ! 80 à 90 % de la communication canine passe par des signaux visuels (source : American Kennel Club). Apprendre à lire ces signaux, c’est non seulement mieux comprendre son compagnon au quotidien, mais aussi anticiper conflits et stress, renforcer le lien, et garantir la sécurité de tous, humains comme chiens.

Contrairement à une idée répandue, la posture du chien ne trahit pas seulement ses émotions : elle constitue son principal moyen d’expression face à nous et à ses congénères. Un simple mouvement de queue, une position d’oreilles ou une tension du corps peuvent tout changer à votre interprétation… et à la réaction que vous allez adapter.

  • Éviter les malentendus : Bien lire les signaux évite de « punir » injustement un chien stressé ou d’ignorer une invitation à jouer.
  • Favoriser le bien-être : Prendre en compte les besoins émotionnels de son chien, c’est favoriser un quotidien serein.
  • Renforcer la complicité : Décoder le « langage canin » permet d’interagir de façon plus juste et plus rassurante.

Les grands codes du langage corporel canin

Le répertoire gestuel du chien s’organise en différentes catégories : signaux d’apaisement, signaux d’alerte, posture de jeu, comportements de menace ou de peur… Chaque posture, chaque petit détail compte. Voici les principaux codes pour décoder votre compagnon.

Les signaux d’apaisement : le chien veut éviter le conflit

Issus des travaux de Turid Rugaas, éducatrice norvégienne, les « signaux d’apaisement » regroupent plus de 30 attitudes et mimiques visant à calmer une situation. Ce sont les bases sociales chez le chien, pour éviter l’escalade !

  • Se lécher la truffe : geste discret, souvent destiné à apaiser un congénère ou un humain perçu comme tendu.
  • Se détourner, tourner la tête : signe « je ne cherche pas de problème », utilisé entre chiens et avec l’humain.
  • Bâiller : bien plus qu’un simple besoin de dormir, le bâillement chez le chien exprime aussi du stress ou une volonté d’apaisement.
  • Cligner doucement des yeux, plisser les yeux : absence de menace, recherche de calme.
  • Se gratter, flairer le sol tout à coup : stratagèmes pour « défocaliser » une tension ou détourner l’attention.

Selon plusieurs études comportementales (source : Horowitz, 2009), l’utilisation de ces signaux augmente lorsque l’environnement devient difficile pour le chien : lieux bruyants, contacts intrusifs, visites chez le vétérinaire…

Les postures de crainte ou de stress

Savoir distinguer le malaise d’un chien est capital pour éviter l’escalade vers la peur ou l’agression. Voici les principaux signaux :

  • Abaissement du corps (ou posture basse) : le chien rampe, queue entre les pattes ou repliée, oreilles à plat.
  • Pilomotion (poils hérissés) : visible sur le dos, du garrot à la queue, expression typique de tension ou de frayeur.
  • Queue qui bat lentement, mouillée dans le bas : la queue qui remue n’est pas toujours synonyme de joie ! Lorsqu’elle est basse ou entre les jambes, c'est plutôt un signe d’inquiétude.
  • Pattes vers l’arrière, recul : le chien cherche à augmenter la distance avec un stimulus qui le dérange.
  • Salivation excessive, halètement rapide : réponses physiologiques au stress.

Environ 25 % des chiens exposés à un bruit intense (type pétards ou orages) donneront plusieurs de ces signaux combinés (Source : Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis).

Les postures d’agressivité ou de menace

L’agressivité canine n’est jamais gratuite. Le chien tente d’envoyer des avertissements avant tout passage à l’acte. Reconnaître ces signaux vous permet souvent de désamorcer un conflit et d’assurer la sécurité de tous.

  • Corps raide, campé sur les pattes : le chien se crispe, tous ses muscles sont en tension.
  • Queue haute, battement sec ou queue figée : assurez-vous du contexte, car la queue dressée peut aussi signaler l’excitation… mais accompagnée d’un corps rigide, il s’agit d’une menace claire.
  • Museau plissé, babines retroussées, grognements : la « grimace de menace ».
  • Oreilles en avant ou complètement plaquées : tout dépend de la race, mais ce sont des signaux à surveiller.
  • Regard fixe, direct, yeux grands ouverts : le chien ne détourne plus la tête.

Selon la SCC (Société Centrale Canine), 70 % des morsures de chiens sur l’homme seraient précédées de signaux clairs, non repérés ou ignorés.

Les postures de jeu ou d’excitation

Quand un chien souhaite vraiment s’amuser, il vous le fait savoir de façon très explicite !

  • Position de salut (play bow) : pattes avant au sol, arrière-train dressé, queue remuante.
  • Mimiques exagérées : sautillements, détours maladroits, oreilles vers l’avant, langue sortie. 
  • Aboiements brefs, tournants, parfois grognements doux : c’est un « parler » de l’excitation, totalement différent du grognement de menace.
  • Rouler sur le dos ou se tordre par terre : invitation à jouer, demande d’interaction.

Le langage de la queue, des oreilles et du regard : attention à l’ensemble

Certains signaux sont tellement associés à l’image du chien qu’on les simplifie trop souvent. Or, il n’est pas possible de tirer une conclusion seule d’une queue ou d’une paire d’oreilles ! Ce sont toutes les parties du corps qui « parlent » ensemble.

  • La queue : dressée = vigilance ou menace, enroulée = soumission ou peur, basse et battante = joie ou appeasement selon le corps.
  • Les oreilles : droites vers l’avant = attention, en arrière = peur ou soumission, mobiles = chien détendu, réactif à l’environnement.
  • Les yeux : grands ouverts = stress, attention, parfois agression ; plissés = détente, appeasement.

Fait marquant : chez certaines races, comme le Husky ou le Bouledogue, la mobilité des oreilles et de la queue est différente – il faut donc redoubler d’attention et connaître la morphologie pour ne pas mal interpréter les signaux.

Facteurs individuels et erreurs fréquentes

Pas deux chiens ne « parlent » exactement pareil. Plusieurs éléments viennent « moduler » le langage corporel :

  • L’âge et les expériences passées : un chiot en apprentissage ou un chien traumatisé usera plus de signaux d’apaisement.
  • La race et la morphologie : certaines races expriment moins certains signaux : les chiens brachycéphales (type Carlin) bâillent différemment, les races à queue courte (Bouledogue, Corgi) s’expriment davantage par les oreilles ou la posture globale.
  • Le contexte : un argument clé. Un chien qui remue la queue devant son humain favori vit possiblement la joie, tandis que le même geste, corps tendu et oreilles dressées devant un inconnu, peut tout signifier sauf la convivialité.

Une étude menée en 2022 (source : Journal of Veterinary Behavior) montre que l’interprétation humaine des signaux canins reste imprécise : seuls 30 % des propriétaires identifient systématiquement un signal d’apaisement… Raison de plus pour aiguiser son regard !

Tableau récapitulatif : 10 postures corporelles et leur signification principale

Posture observée Signification principale À surveiller ?
Queue longue et basse, oreilles en arrière, regard fuyant Peur, anxiété Surveillez la situation, éloignez le stimulus
Corps détendu, bouche entrouverte, queue remuante Chien heureux, détendu Idéal pour interagir !
Corps campé, poils hérissés, babines retroussées Agression imminente Stoppez l’interaction, prévenez les risques
Play bow (salut de jeu) : pattes avant au sol, arrière train levé Invitation au jeu Moment pour partager une séance ludique !
Bâillements répétés, léchage de truffe Stress, appeasement Diminuez la pression, montrez-vous calme
Posture figée, regard fixe État d’alerte, possible peur ou menace Ne forcez pas le contact, laissez-lui de l’espace
Oreilles dressées, tête penchée sur le côté Curiosité, intérêt Signale une demande de compréhension
Rouler sur le dos, montrer le ventre Soumission ou demande de câlin Approchez en douceur, rassurez
Court autour d’un autre chien en aboyant Excitation, parfois défi joueur Vérifiez que l’autre chien est d’accord pour jouer
Repli sur soi, difficulté à bouger Douleur ou très grand stress Consultez rapidement un vétérinaire

Astuces pour lire et réagir aux postures de son chien

  • Observez l’ensemble du corps : ne vous focalisez jamais sur un seul « symptôme ». Il faut lire la « phrase » complète, tête, queue, oreilles et muscles compris.
  • Filmez et revisionnez : une courte vidéo de vos interactions vous aidera à repérer des signaux parfois trop rapides pour l’œil nu.
  • Restez neutre et calme : si un signal d’inconfort apparaît, baissez la pression, éloignez les sources de stress. Votre attitude peut tout changer !
  • Faites-vous accompagner : en cas de comportement difficile à lire ou de réactions agressives récurrentes, n’hésitez pas à consulter un éducateur canin ou un vétérinaire comportementaliste.
  • Enrichissez vos lectures : les ouvrages de Turid Rugaas, Ian Dunbar ou encore les fiches du site Anses ou de la SCC sont précis et illustrés pour progresser.

Astuce bonus : Pour affiner sa lecture, effectuez le jeu du « calme » : asseyez-vous, observez votre chien sans émettre aucun bruit ni geste, et notez chaque variation de posture en fonction de vos mimiques ou d’un simple changement de ton de voix.

Rappelez-vous : chaque chien a « son » accent. Plus vous observerez votre compagnon dans des situations variées, plus vous deviendrez expert dans la lecture de ses postures. Une compréhension affinée, c'est la clé d’une relation durable et détendue.

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