Décoder les aboiements de son chien : Comprendre son langage pour mieux vivre ensemble

23/09/2025

Pourquoi les chiens aboient-ils ?

L’aboiement fait partie intégrante du langage canin. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit ni d’un simple “bruit de fond” ni d’un comportement systématiquement gênant. Selon une étude publiée dans le journal Applied Animal Behaviour Science, le chien est le seul canidé qui possède une telle variété d’aboiements, parfois jusqu’à quinze sons distincts identifiés chez certaines races (source).

En effet, l’aboiement chez le chien domestique s'est enrichi au fil de sa cohabitation avec l’humain. Il sert à tout : communiquer un besoin, signaler un danger, inviter au jeu ou exprimer de l’excitation ou de la frustration. Comprendre ce que veut dire son compagnon lorsqu’il aboie permet non seulement de mieux réagir, mais aussi de prévenir certains problèmes liés à l’incompréhension.

Les différents types d’aboiements : du signal au message

Il n’existe pas “un” aboiement, mais une vaste palette. L’observation fine du contexte, de la posture du chien et du timbre de sa voix donne d’excellentes pistes pour interpréter son message.

Aboiement d’alerte

  • Caractéristiques : aboiements courts, répétitifs, souvent sur un ton médium à grave.
  • Quand : arrivée d’un inconnu, bruit suspect, cycliste qui passe devant la maison.
  • Objectif : prévenir la “meute” (vous y compris !) d’un événement nouveau.

Selon les études menées par Stanley Coren (“How to Speak Dog”, 2001), ce type d’aboiement est inné chez la majorité des chiens, même chez les races peu enclines à la garde. Un chiffre marquant : plus de 80 % des propriétaires interrogés par la Pet Food Manufacturer’s Association (PFMA, 2023) disent que leur chien aboie à l’approche d’un inconnu.

Aboiement de jeu

  • Caractéristiques : aboiements rythmés, aigus, parfois accompagnés de sauts ou de révérences (“salut de jeu”).
  • Quand : lors des interactions avec d’autres chiens ou humains, souvent avec une posture détendue.
  • Objectif : attirer l’attention, inviter ou prolonger le jeu.

À noter qu’un aboiement de jeu s’accompagne de signaux corporels très lisibles : oreilles en avant, queue qui remue, regard direct. Les études du Royal Veterinary College (RVC, UK) indiquent que les races réputées “joueuses” (Retriever, Colley, Staffie…) produisent ce type d’aboiement jusqu’à trois fois plus fréquemment que d’autres.

Aboiement de frustration ou d’ennui

  • Caractéristiques : aboiement persistant, souvent monotone, parfois “chantant” (aboiements longs, alternant avec de petits jappements).
  • Quand : en l’absence de l’humain, à travers une barrière, lors de situations frustrantes (impatience en sortie, attente).
  • Objectif : exprimer un mal-être, appeler à l’aide ou dénoncer une frustration.

L’aboiement d’ennui est souvent mal interprété : selon une enquête menée par la SPA (SPA, France, 2022), il est à l’origine de près de 30 % des plaintes de voisinage pour “nuisances sonores”. Pourtant, il s’agit le plus souvent d’un signal de mal-être ou de solitude.

Aboiement de peur ou de défense

  • Caractéristiques : aboiements brefs, hachés, voix rauque ou tremblante, ton généralement grave.
  • Quand : en cas de menace perçue, par exemple lors d’une rencontre imprévue avec un congénère, ou lorsqu’un humain s’approche trop brusquement.
  • Objectif : éloigner la menace, se donner du courage, intimider.

Les chiens adoptés ou ayant connu des traumatismes peuvent développer ce type d’aboiement de façon excessive. Le site AVMA (American Veterinary Medical Association) rappelle l’importance de ne jamais punir un chien qui aboie par peur : cela risque d’aggraver son anxiété.

Aboiement d’excitation

  • Caractéristiques : aboiements rapides, aigus, souvent “saccadés”.
  • Quand : anticipation (avant la promenade, à l’heure du repas).
  • Objectif : manifester une émotion intense, impossible à contenir autrement.

Dans une étude de Wansig et al. (2019), 60 % des chiens interrogés présentent des aboiements d’excitation lors des rituels routiniers (ramener la laisse, entendre le bruit du paquet de croquettes).

Décrypter l’aboiement : le rôle du contexte et du corps

Un même aboiement peut signifier des choses très différentes selon le contexte : l’heure, le lieu, qui est présent, ce qui vient de se passer… Pour ne pas interpréter de travers, mieux vaut garder un œil sur le “langage corporel” du chien, tout aussi riche que sa voix.

  • Queue : haute et raide (alerte, défense), basse et remuante (jeu), entre les pattes (peur).
  • Oreilles : dressées vers l’avant (attention, vigilance), couchées en arrière (peur, soumission), mobiles (excitation).
  • Regard : fixe (intimidation, crainte), fuyant (peur ou mal-être), détendu (jeu).

Une publication de John Paul Scott & John L. Fuller dans Genetics and the Social Behavior of the Dog relève que le langage corporel accompagne ou précise toujours l’aboiement, jamais l’inverse. Observer son chien dans sa globalité, c’est éviter bien des malentendus !

Les races et l’aboiement : tous égaux ?

Il existe de vraies différences entre races. Les chiens de berger, de chasse ou de garde sont généralement plus “exprimés” vocalement que les molosses ou les primitifs comme le Basenji (qui n’aboie presque jamais). Un chiffre : selon une étude de l’Université de Lincoln (source), le Berger Allemand, le Beagle ou le Chihuahua émettent près de 400 à 600 aboiements par jour dans certaines conditions d’élevage collectif, contre moins de 50 pour le Greyhound.

Mais attention à ne pas réduire un chien à sa race ! Les conditions de vie, l’histoire individuelle, l’éducation jouent un rôle majeur.

Limiter les aboiements excessifs : pistes et solutions concrètes

Si aboyer est normal, des aboiements trop fréquents ou inadaptés peuvent traduire un malaise, un ennui ou une incompréhension des règles de la maison. Voici quelques astuces éprouvées :

  1. Satisfaire les besoins essentiels
    • Sorties régulières (au moins 30 minutes, 3 fois par jour pour la grande majorité des chiens : chiffres I-CAD 2023).
    • Jeu, mastication, interaction sociale et mentale.
  2. Eduquer le “silence” en positif
    • Récompenser systématiquement les moments de calme (distribution de friandises quand le chien se tait après une alerte, par exemple).
    • Utiliser des signaux pour apprendre au chien à contrôler ses aboiements ("chut", "stop").
  3. Analyser le déclencheur
    • Tenir un “journal des aboiements” pour repérer les moments et situations à risque.
    • Agir en amont (fermer les volets, enrichir l’environnement intérieur pour limiter l’ennui).
  4. Consulter si besoin
    • En cas d’aboiements persistants liés à une anxiété ou à un traumatisme, solliciter un éducateur canin ou un vétérinaire comportementaliste. Les études montrent que 15 à 20 % des aboiements pathologiques disparaissent après prise en charge adaptée (NIH, 2019).

Astuce : Utiliser le tableau des signaux d’aboiement pour s’entraîner

Type d’aboiement Sonorité Contextes fréquents Signaux corporels associés
Alerte Court, sec, répétitif Approche d’un inconnu, bruit étrange Corps tendu, queue haute, oreilles dressées
Jeu Aigu, rythmé Interaction avec un congénère ou un humain Queue qui remue, posture détendue, révérence
Frustration/ennui Monotone, persistant Solitude, attente, situation frustrante Allers-retours, griffades, regard insistant
Peur/défense Haché, grave ou rauque Menace perçue, surprise Corps reculé, oreilles en arrière, queue basse
Excitation Rapide, aigu, saccadé Avant la sortie, à l’heure du repas Sauts, agitation, oreilles mobiles

L’aboiement, une chance de dialoguer !

Mieux interpréter les aboiements de son chien, c’est se donner toutes les chances de vivre une cohabitation plus harmonieuse, de répondre à ses besoins, et de renforcer la relation de confiance mutuelle. Loin d’être un simple “son”, l’aboiement peut devenir un formidable outil de communication pour mieux connaître son compagnon, désamorcer les tensions et enrichir le quotidien. Écouter, observer, ajuster… C’est tout un art, mais aussi une belle aventure humaine et canine !

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